Hôtel de Villayer, 31 rue des Ursulines
La demeure doit son nom à Jean-Jacques de Renouard (1607-1691), chevalier et comte de Villayer, membre de l’Académie française, conseiller du Roi et maître des requêtes. Par l’ordonnance du 17 juin 1653, il obtient l’autorisation de créer un service de relais du courrier qui annonce les prémices du rôle de facteur et de l’invention du timbre postal. Il se fait aussi remarquer en s’opposant au dictionnaire réalisé par Antoine Furetière qui précède celui de l’Académie. Le comte de Villayer aurait fait construire l’hôtel en 1682. L’hôtel est acheté en 1730 par un bourgeois du nom de Jean l’Abbé. Il est en 1782 la propriété de Jean Pannard, tailleur de la cour. L’hôtel ne garde pas de trace architecturale de cette période, l’immeuble que l’on connaît aujourd’hui ayant été totalement transformé au XIXe siècle.
Description de l’hôtel actuel
La date exacte de la création de cet édifice nous échappe mais nous savons qu’il figure sur le plan Caron de 1680. L’hôtel ne garde malheureusement aucune trace architecturale de cette période. L’immeuble que l’on connaît aujourd’hui a été totalement transformé au XIXe siècle. Le bâtiment est agrandi avec l’ajout de nombreuses travées. De quatre niveaux, il possède peu d’ornements mis à part des pilastres colossaux et une mouluration sur les premier et dernier niveaux. La porte est encadrée de pilastres portant un entablement.
Histoire
La demeure doit son nom à Jean-Jacques de Renouard, chevalier et comte de Villayer, seigneur de Matignon et de La Brousse, membre de l’Académie française, conseiller du Roi et maître des requêtes.
En cette première moitié de XVIIe siècle, la circulation du courrier est un véritable périple : les lettres n’arrivent pas directement chez le destinataire, ce dernier doit se déplacer alors qu’il n’est pas prévenu, dans le bureau le plus proche, celui-ci peut être loin de son domicile. Stupéfait par la lenteur du système de distribution du courrier et de ses dysfonctionnements, le comte tient à le faire évoluer. Ainsi, par l’ordonnance du 17 juin 1653, il obtient l’autorisation de créer un service plus efficace de relais du courrier. Ceci annonce les prémices du rôle de facteur et de l’invention du timbre postal mais le nom de Jean-Jacques de Renouard n’est pas resté dans les mémoires.
Déjà au XVIIIe siècle, les historiens de l’Académie française remarquaient : « Jean-Jacques Renouard de Villayer, doyen des conseillers d’État, reçu à l’Académie en 1659, mort le 5 mars 1691. Je vois par les registres de l’Académie, qu’il lui marqua beaucoup de zèle dans les tristes affaires de Furetière. C’est le seul endroit par où il me soit connu. Mais si le mérite des enfants fait la gloire des pères, il ne faut point d’autre éloge à M. de Villayer, que son petit fils, aujourd’hui maitre des requêtes, qui fait, à la fleur de l’âge, respecter ses devoirs; et au milieu de l’opulence, aimer le travail. » (Paul Pellisson Fontanier, Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet, Histoire de l'Académie Françoise, 1730, pages 219-220).
Il semblerait qu’il soit également l’inventeur d’une sorte d’ascenseur selon Gédéon Tallemant des Réaux : « Quelque temps après, ayant su que madame de Gondran devoit aller voir la chaise de Villayer, faite comme celle du cardinal Mazarin, pour se faire porter du bas en haut du logis, et du haut en bas avec des contre-poids. » (Historiettes, vol.4, 1834, p. 340).
Lors de son mariage avec Marthe de Neufbourg, il fait l’achat de nombreux terrains à partir d’avril 1682 pour construire un hôtel. Angélique François Renouard comte de Villayer, son petit-fils, vend l’hôtel le 17 août 1730.
Architecture
À l’origine le bâtiment semble être de deux travées sur cinq niveaux. Le premier niveau est de pierres apparentes appuyées sur des piles à ordre dorique. Des bandes et moulurations marquent la façade. Il est indiqué en 1737 comme étant une « grande maison » tenant par derrière à l’hôtel de Toulouse.
Il est connu par un état du 29 novembre 1782 comme propriété de Joseph David Panard, tailleur de la cour. L’hôtel se trouve « rue des Ursulines en face du bureau des carrosses », il «consiste en deux corps de logis réunis ayant ensemble sur la rue huit croisées de face, élevées de rez-de-chaussée, étage quarré au dessus et autre étage en mansarde tous le comble lequel est brisé et couvert de tuiles a deux égouts, le tout construit de pierre. La première partie de cet édifice vers la rue de Versailles est double étage cinq croisées et de face élevé en pierre. La seconde partie est simple en profondeur et parait avoir anciennement une entrée de la rue par une porte de chêne actuellement condamnée en maçonnerie en dessous du passage de laquelle en forme de remise.
Ensuite la première partie double est au fond pavé en grès pente et ruisseau pour l’écoulement des eaux à la rue et dans une partie au fond d’icelle sont quatre tilleuls, puits à droite avec sa margelle de pierre patiné en fer et poulie de bois. […] Au fond de ladite cour est un édifice élevé seulement de rez-de-chaussée appliqué à une écurie […] dans l’angle à gauche au fond de ladite cour est un petit édifice au signe [servant de] poulailler et pigeonnier. »