Que sont les « Loges » ?
Lorsque Saint-Louis fait construire en forêt de Saint-Germain un rendez-vous de chasse (et une chapelle dédiée à la Saint-Fiacre) les comptes royaux désignent déjà les bâtiments sous le nom d’Hôtel des Loges.
Pourquoi cette appellation ?
On admet communément que cette appellation serait due à la présence permanente de cabanes de bûcherons, huttes d’affût pour les chasseurs, remises pour les garde-forestiers, etc. Il ne serait pas impossible aussi qu’ultérieurement l’établissement de cages de faucons (dites loges en terme de vénerie) ait apporté un appoint aux hypothèses étymologiques qui précédent.
Depuis Louis IX, l'usage des constructions ont évolué : un ermitage puis un couvent d’Augustins, enfin une maison de Récollets. En 1794, ce dernier couvent devient une poudrière, puis, en 1796, une maison d’éducation de jeunes gens. Napoléon Ier achète, en 1810, les locaux, assez délabrés, pour y installer une des maisons d’orphelines de la Légion d’honneur. Les bâtiments actuels sont ceux qui ont été reconstruits pour la Maison d’éducation par l’empereur Napoléon III, en 1855-1859.
Pendant de nombreuses années le centre du terroir des Loges a été marqué par un chêne situé au bord de l’ancienne mare, près de la Maison de la Légion d'honneur et du coude de la route ouverte en 1675 entre les bâtiments des religieux et le château. Une tradition veut que Diane de Poitiers se soit reposée sous les ramures de cet arbre, que l’on disait planté au XVI siècle. Silvestre de Sacy, juge alors cette antiquité invraisemblable et il imagine que ce chêne avait remplacé un autre sujet, celui de la reine Blanche. L’arbre de Diane, frappé par la foudre, fut abattu en juillet 1884 ; une lithographie de Meyer en a conservé l’image.
On peut signaler, à titre documentaire, que l’attrait du site conduit vers 1922 à en faire le centre d’une épreuve automobile de Pentecôte, le « Bol d’or » ; en raison des inconvénients du circuit, celui-ci est déplacé dans une autre partie de la forêt.
L’origine de la fête : la Saint-Fiacre
"En 1652, le pape Innocent X relève le culte de saint Fiacre ; une confrérie au nom de ce saint fut créée et des indulgences furent accordées à quiconque visiterait la chapelle consacrée au saint le jour de sa fête. C'est l’origine d’un pèlerinage. Favorisé par la situation en forêt et par l’attrait des jours d’été, le pèlerinage s’accompagna rapidement de la réunion, toute profane, des curieux et promeneurs, Parisiens épris de grand air. Voilà l’origine d’une sorte de foire pittoresque qui se transforma peu à peu en fête annuelle.
Il y a donc plus de trois siècles et demi que la cohue turbulente des badauds, manants ou seigneurs, des marchands forains et de leur clientèle, des jolies filles et des grandes dames, des bateleurs et des taverniers, a créé, sous les auspices du saint patron des jardiniers, près des ombrages du chêne de Diane, l’une des plus aimables traditions de la région parisienne.
Certes, au cours de la période révolutionnaire et sous l’Empire, la fête des Loges n’eut pas grand éclat, du fait des circonstances ; mais après 1815, la tradition se rétablit progressivement et l’antique fête recouvra une importance qui n’allait cesser de croître."*
Extrait de « En forêt de Saint-Germain-en-Laye… La Fête des Loges » de M.G. Poncelet - 1960